Pour le 3ème rendez-vous 2017 du réseau MMCC - Musées et Mémoriaux des Conflits Contemporains, le Mont-Valérien et le Mémorial des martyrs de la Déportation ont fait l’objet d’une intervention de leur directeur lors d’une table ronde intitulée « Interpeller le public par l’Art ». Le séminaire portait sur le thème des « Lieux de mémoire face aux enjeux de la société contemporaine ».

Organisé au Musée de l’Armée à l’Hôtel National des Invalides ce séminaire a réuni 130 participants et les 23 intervenants ont mené une réflexion commune sur l’orientation et la vocation de ces lieux de mémoire, pour le public et plus particulièrement en direction des jeunes générations. Plusieurs axes de réflexion ont été abordés, plaçant au centre la question des publics, premier acteur concerné par ces transformations. Après une conférence introductive sur « La symbolique des Invalides et le lien armée-Nation », le séminaire s’est poursuivi par une table ronde autour du large panel de questionnements qu’offre aujourd’hui les lieux de mémoire. La notion « d’interpellation » a constitué le thème de fond de toutes les interventions, présentant tout à tour des musées et/ou sites mémoriels confrontés à des projets culturels innovants répondant à des enjeux civiques et pédagogiques.

Pour ce qui concerne la restitution de projets artistiques, trois exemples ont été évoqués : l’architecte Rudy Ricciotti au Camps de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) ; la photographe-plasticienne Sophie Zénon à l’Abri-Mémoire d’Uffholtz (site vosgien du Hartmannswillerkopf) ; ainsi que Ruedi et Vera Baur à la Prison de Montluc (Lyon).

L’actualité des projets d’autres établissements mémoriels ont été également abordés, afin de mettre en lumière différentes manières de faire vivre un lieu.

Ciblant d’autres objectifs, le deuxième volet du séminaire s’est davantage attardé autour de la vocation plus contemporaine de ces lieux, en espaces de réflexion, d’échanges et de débats sur la citoyenneté. Plusieurs lieux ont présenté leurs projets d’établissement et ont spécifié leurs nouvelles fonctions : haut-lieu de Mémoire et d'Histoire au service de l'Éducation citoyenne et de la culture pour le Camp des Milles (Aix-en-Provence) ; musée d’histoire « outil-citoyen » pour le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon ; et musée « fédérateur » pour le réseau des lieux de la mémoire de la Shoah. Ces retours d’expériences ont permis de croiser les regards et de mettre en avant l’accent pluridisciplinaire de chaque projet.

Antoine Grande, directeur des Hauts lieux de la mémoire nationale d’Île-de-France, a souligné la nécessité de faire appel aux arts pour proposer une programmation culturelle et scientifique, en adéquation avec l’essence et l’identité portées par chaque monument. Le discours a accentué le parallèle entre les projets architecturaux du Mont-Valérien et du Mémorial des martyrs de la Déportation. Dans ce contexte, la spécificité historique de chaque mémorial a été rappelée, exposant les divergences d’intentions en fonction des publics ciblés. Au Mont-Valérien, c’est l’exemple d’un « Lieu monumental qui doit dire la mémoire de l’ensemble des événements » alors qu’à l’Île de la Cité, « c’est la vocation d’un monument à dire ce qui s’est passé ailleurs » qui prédomine.

La fin de l’intervention a permis de prendre du recul sur la programmation culturelle 2017 du Mont-Valérien. Plusieurs leçons ont été tirées sur la réception des événements par le public. En complément d’une programmation dite « classique » (conférences et visites couplées), Mr. Grande a souligné l’importance de proposer des manifestations culturelles qui donnent une autre image du site, plus en accord avec l’air du temps (visites théâtralisées sur les résistants étrangers, projet autour de la sculpture sous la forme de performances artistiques et cycle de projection de cinéma en plein air). Première initiative mélangeant deux approches au Mont-Valérien, cette programmation veut donc répondre aux objectifs pédagogiques fixés par les tutelles et inscrits au sein du PSC – Projet scientifique et culturel 2017-2021.

Extrait Vidéo d'une projection en plein air (cliquer sur le lien).

Ce séminaire s'est déroulé dans le cadre du Réseau des musées et mémoriaux des conflits contemporains, animé par la DPMA - Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives - du Ministère des Armées. Il regroupe aujourd’hui plus de 90 membres. Il a essentiellement pour but de créer une dynamique d’ensemble pour la valorisation de tous les lieux et sites confrontés aux questions patrimoniales et mémorielles.

La programmation culturelle des Hauts lieux de la mémoire nationale d'Île-de-France sera disponible bientôt.

Prochaine grande manifestation au Mont-Valérien : l'exposition temporaire "Les graffitis. Ultimes témoignages des fusillés du Mont-Valérien". Plus d'informations prochainement.

© Sandra Pain