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    Les fusillés


    Notice des fusillés

     

    Les fusillés du Mont-Valérien et de l'Ile-de-France

    Issus de toutes les classes sociales, Français ou étrangers, les fusillés symbolisent l'union de la France dans le combat contre l'armée d'occupation au cours de la Seconde Guerre mondiale.

    La plupart de ces martyrs, membres d’organisations clandestines, des réseaux ou mouvements de la Résistance, ont été condamnés à mort par les tribunaux militaires allemands. D'autres, victimes de la politique du « code des otages », ciblés comme des ennemis politiques et idéologiques par l’occupant, principalement des Juifs et des communistes, sont fusillés en représailles à des actes de la Résistance contre l'armée allemande.

    Le Mont-Valérien est le principal site d’exécution de la région parisienne et de toute la zone occupée, avec plus de 1000 fusillés ; mais d'autres lieux en Ile-de-France, le stand de tir de Balard à Paris, le fort de Vincennes… ont également été utilisés entre 1941 et 1944.

    Une base de données des personnes fusillées au Mont-Valérien est disponible sur le site internet Mémoire des hommes.
    Elle recense les 1010 victimes dont les noms sont inscrits sur le monument commémoratif édifié au Mont-Valérien.

     

     

    Résistants et otages, de l'arrestation à la mort

     


    Lieux de détention et d'exécution du département de la Seine
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    Lieux d'internement

    L’arrestation

    La très grande majorité des condamnés à mort et des otages est arrêtée à l’issue d’enquêtes menées par les polices françaises et allemandes. S’appuyant étroitement sur les indicateurs français ou sur les agents doubles infiltrés dans la Résistance, les différents services d’enquêtes de l’armée allemande (la police secrète de campagne - Geheime Feldpolizei - ou le contre-espionnage - Abwehr) et de la police SS (la Sipo-SD ou « Gestapo ») causent des ravages dans les rangs de la Résistance.

    Les forces de police du régime de Vichy, Brigades Spéciales de la Préfecture de police de Paris (BS), services des renseignements généraux, brigades mobiles de la police judiciaire ou encore gendarmerie, se révèlent elles aussi redoutables. Leur connaissance et leur expérience du terrain, leurs méthodes d’investigation, privilégiant l’observation, les filatures et l’exploitation d’une multitude de pistes, permettent des arrestations en série.

    Face aux policiers, les résistants tentent de ne pas répondre, de nier l’évidence, de ne révéler que ce qu’ils pensent déjà connu de l’ennemi. Confrontés aux duretés psychologiques et physiques des interrogatoires, ils sont souvent torturés.

    Les prisons

    En région parisienne, pour beaucoup de résistants arrêtés par les BS, le parcours commence par les cellules du dépôt de la Préfecture de police, où, maintenus à disposition des inspecteurs pour les besoins de l’enquête, ils subissent de longs interrogatoires.

    Réclamés par les autorités allemandes parce qu’ils ont attenté à leur sécurité, ils leur sont remis pour être jugés par des tribunaux militaires ou être déportés. Ils sont transférés dans des prisons allemandes (comme le Cherche-Midi) ou, selon les époques, dans des quartiers de prisons françaises réquisitionnés par les autorités d’occupation (comme Fresnes oula Santé).

    Les conditions de détention

    Les prévenus justiciables de la peine de mort sont maintenus dans un isolement quasi-total pendant des semaines, parfois des mois. Leurs conditions de vie sont difficiles : nourriture insuffisante, hygiène sommaire, courtes et rares promenades, colis et correspondances sévèrement réglementées, aucun contact avec les co-détenus à l’exception des interrogatoires ou de transferts. Certains parviennent à échanger quelques mots en déployant d’ingénieux moyens de communication, par exemple à travers les conduits d’aération des cellules. Dans ces conditions, les très brèves visites qu’ils peuvent recevoir de leurs familles ou encore des aumôniers venus apporter un appui spirituel sont essentielles.

    Les tribunaux militaires

    Le fonctionnement de la justice militaire allemande est réglementé par une ordonnance pénale de guerre. Un dossier d’instruction est constitué à partir des enquêtes de police. Les droits de la défense sont réduits : l’assistance d’un avocat, souvent commis d’office et allemand, n’est en principe autorisée que si le prévenu risque la peine de mort. Généralement l’avocat a seulement accès à l’acte d’accusation qui fixe les chefs d’inculpation (« activité de franc-tireur », « espionnage », « aide à l’ennemi » etc.). La rencontre avec le prévenu n’a lieu que peu de temps avant le début du procès.

    La cour est constituée de 3 juges militaires, d’un procureur chargé de requérir les peines et d’un greffier. Le procès se tient habituellement à huis clos. Les débats ont lieu en allemand et selon un ordre bien réglé : prestation de serment des juges, interrogatoire d’identité de l’accusé, lecture de l’acte d’accusation, interrogatoire de l’accusé, des témoins, réquisitoire, plaidoirie de la défense, résumé du réquisitoire et de la plaidoirie par un interprète, dernier mot donné au prévenu, délibération du tribunal, lecture de la sentence et de ses motivations.

    Il n’y a pas d’appel possible, le condamné à mort ne peut espérer qu’une révision positive du jugement ou une grâce des autorités centrales de Paris ou de Berlin.

    Le sort des otages

    À défaut de pouvoir arrêter tous les auteurs des attentats , les autorités allemandes désignent des otages : avec cette notion de responsabilité collective, il s’agit de faire pression sur la population et sur les « terroristes ».

    Jusqu’à l’été 1942, les otages sont choisis sur le lieu de leur internement : dans les prisons allemandes ou françaises s’ils attendent un jugement ou s’ils purgent déjà une peine ; à Compiègne et à Drancy pour les détenus politiques et les otages juifs. La plupart des prisonniers désignés comme otages ignorent leur nouveau statut et ne savent pas qu’ils risquent d’être fusillés en représailles aux actions de la Résistance.

    À partir du 30 août 1942, les SS font du camp de Romainville la « réserve d’otages » de la région parisienne. Isolés des autres détenus et connaissant leur sort, ils attendent le jour où, inscrits sur une liste de « victimes expiatoires », ils seront transférés au Mont-Valérien pour y être fusillés.

    Les lieux d’exécution de la région parisienne

    Dans chaque département, les autorités allemandes réquisitionnent des lieux pour procéder aux fusillades des condamnés à mort et des otages. Ils choisissent d’anciens sites de l’armée française : stands de tirs, forts ou casernes qui permettent un déroulement sécurisé et sans trouble des exécutions.

    À Paris, la première fusillade, celle de Jacques Bonsergent, a lieu dans l’enceinte du fort de Vincennes au mois de décembre 1940. D’autres sites sont utilisés ponctuellement, tels que Châtenay-Malabry.

    Le stand de tir du ministère de l’Air, place Balard dans le 15e arrondissement de Paris, est réquisitionné par l’occupant à partir de l’été 1942. Plus de 150 personnes y sont exécutées.

    À partir du mois d’août 1941, les autorités allemandes préfèrent utiliser la clairière de la forteresse du Mont-Valérien. Jusqu’en juin 1944, plus de 1 000 hommes y sont fusillés. Le Mont-Valérien est le principal site d’exécution de la région parisienne et de toute la zone occupée.

    Les fusillades

    Les fusillades suivent un schéma pré-établi. Les condamnés ne sont avertis qu’au dernier moment. Quelques heures ou quelques minutes avant l’exécution, ils ont généralement l’autorisation d’écrire une dernière lettre. La visite de l’aumônier allemand leur offre une ultime possibilité de se confier, et pour ceux qui le souhaitent, de communier. L’abbé Franz Stock a pu ainsi fournir du réconfort à de nombreux fusillés et témoigner auprès de leurs familles de leurs derniers instants, de leurs ultimes pensées. Ils sont ensuite conduits sur le lieu de leur exécution dans des camions militaires bâchés.

    Au champ de tir, un officier leur notifie en allemand la décision du tribunal qui les a condamnés ou l’ordonnance qui les a désignés pour être exécutés comme otages. Par petits groupes de 3 ou de 5, ils sont attachés mains derrière le dos aux poteaux, les yeux bandés s’ils le désirent. Le peloton procède à la mise à mort, parfois devant les camarades qui vont leur succéder. L’officier allemand donne le coup de grâce, puis un médecin militaire constate le décès.

    La sépulture

    Mis en bière, les corps sont transportés vers différents cimetières de la région parisienne : Suresnes, Puteaux, Bois-Colombes, Ivry-sur-Seine, Thiais… où ils sont inhumés dans des fosses communes ou des tombes individuelles, ou encore au Père-Lachaise à Paris où ils sont incinérés. La dispersion et l’anonymat des corps imposés par les forces d’occupation a pour but d’éviter que ces sépultures ne deviennent des lieux de rassemblement et des symboles des martyrs de la Résistance.

    • cette affiche du 21 octobre 1941 annonce que 50 otages seront fusillés si les coupables ne sont pas arrêtés avant le 26 octobre. Une récompense de 15 millions de francs est promise pour toute information permettant de découvrir les coupables.
    • suite à l'assassinat d'un soldat allemand dans les Ardennes le 10 juin 1940
    • A la Une, une photo prise clandestinement de l'exécution d'un résistant à Brest par les autorités allemandes
    • photo non datée
    • photo non datée
    • Pendant l'occupation, les fossés du vieux fort et les bois environnants ont été des lieux de fusillades de l'armée allemande.
    • Hauts-de-Seine
     

    Le témoignage de Clemens Rüther

     

    Témoignage de Clemens Ruther, sous-officier l’armée allemande, auteur des trois photographies d’une fusillade au Mont-Valérien, probablement celle des membres du groupe FTP-MOI de Missak Manouchian, le 21 février 1944.

    « Durant la fin de l’automne-hiver 1942, j’ai été nommé en tant que sous-officier, avec environ 50 autres soldats, à l’école de la Feldgendarmerie au fort de Nogent-sur-Marne près de Vincennes, près de Paris.

    Après une formation d’environ six mois, nous fûmes mutés à Paris en tant que troupe « hors-cadre », c’est-à-dire que nous avions la responsabilité de tout Paris, tandis que les 4 unités de Feldgendarmerie déjà en place n’étaient compétentes que pour certains arrondissements.

    Nous fûmes affectés à toutes sortes de tâches.

    Ainsi, une fois, je fus désigné avec d’autres, aussi loin que je m’en souvienne, au début de l’hiver 1944, probablement en février, pour la surveillance d’un procès d’un tribunal militaire allemand contre 20 combattants français de la résistance. Le procès eut lieu publiquement. Autant que je sache encore, la presse ou une partie de celle-ci avait pu suivre le procès.

    Le jugement fut prononcé le vendredi ou le samedi midi. Les accusés reçurent un délai pour pouvoir déposer un recours en grâce jusqu’au jeudi suivant à 12 heures. Le lundi suivant nous reçûmes l’ordre d’accompagner le transport de ces combattants de la résistance à un Fort, à l’ouest de Paris, probablement le Mont-Valérien. Les condamnés étaient expédiés sur des camions et nous devions suivre sur des motocyclettes.

    Au fort, dans une fosse, ils furent tous fusillés, quatre par quatre, par un commando des forces armées allemandes (Wehrmacht). Ils étaient liés à des poteaux et avaient les yeux bandés. Aux quatre suivants, ces mêmes bandeaux, qu’ils soient plein de sang ou non, étaient rattachés.

    Seul un homme de presque 50 ans donna encore un signe de vie après la fusillade. Alors un officier approchait et lui donna le coup de grâce avec son pistolet.

    [Ils étaient] accompagnés d’un prêtre catholique Franz Stock de Neheim.

    Les fusillés furent mis sur place dans des cercueils. Nous devions encore accompagner le transport jusqu’au cimetière. Là-bas, ils étaient inhumés dans une fosse commune. Sur quel cimetière c’était, je ne peux plus le dire aujourd’hui.

    Je fus le témoin du procès, du jugement et de l’exécution ».

    Wuppertal, juillet 1985, Clemens Ruther

    (Traduit de l’allemand par Mmes Valérie Perret et Simon Scoul (2005), témoignage transmis par l’association des amis de Franz Stock).

    • Photographies d’une série de fusillades au Mont-Valérien en février 1944, prises clandestinement par le sous-officier Clemens Ruther, qui assista au procès, à l’exécution et à l’inhumation d’un groupe de résistants, probablement ceux du groupe Manouchian. Ce sont sans doute les seules photographies qui existent d’une exécution au Mont-Valérien.
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      © DR, clichés transmis par l’association des amis de Franz Stock
    • Photographies d’une série de fusillades au Mont-Valérien en février 1944, prises clandestinement par le sous-officier Clemens Ruther, qui assista au procès, à l’exécution et à l’inhumation d’un groupe de résistants, probablement ceux du groupe Manouchian. Ce sont sans doute les seules photographies qui existent d’une exécution au Mont-Valérien.
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      © DR, clichés transmis par l’association des amis de Franz Stock
    • Photographies d’une série de fusillades au Mont-Valérien en février 1944, prises clandestinement par le sous-officier Clemens Ruther, qui assista au procès, à l’exécution et à l’inhumation d’un groupe de résistants, probablement ceux du groupe Manouchian. Ce sont sans doute les seules photographies qui existent d’une exécution au Mont-Valérien.
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      © DR, clichés transmis par l’association des amis de Franz Stock